Hommage à Jean-Pierre Perreault
Se
tenir debout.
Enjamber
le pas, habiter l’espace grand comme le vide.
Courir
longtemps… tomber.
S’agripper
à l’autre.
Passer,
…
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Lucie Boissinot |
Rester
là. Attendre l’autre.
« Lucie,
serais-tu capable de tenir cet équilibre très longtemps ?… »
« Oui
Perreault ». Confiance.
Tenir
la forme, se battre. Lâcher prise, et sentir au fur et à mesure que les
secondes s’égrainent, que cette forme imprime tout en soi un sentiment
primordial.
Profonde
humanité.
Les
chemins de danse que Perreault a défrichés ont laissé en nous de profonds
sillons témoins de l’universel.
Avec
amour et admiration,
Lucie
Boissinot
Directrice
artistique et des études
L’Ecole de
danse contemporaine de Montréal
Interprète
des œuvres de l’artiste entre 1986 et 2003
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Alexandre Fleurent |
Le poids, la lourdeur. La chaleur,
l’étouffement.
Le manteau se mêle à la foule et se
fond en moi.
Les bottes traversent cette masse et
m’ancre en ce vide.
Mon corps, sa présence. Son être mon
individu.
Le regard sur cette humanité me fait
exister.
/ Alexandre Fleurent
finissant 2012
L’école de danse contemporaine de Montréal
A la rencontre d'une oeuvre pleine de vécu
Et oui, le voyage a débuté il y a plusieurs
semaines. Pour ceux qui n’ont pas encore pris l’avion, et bien préparer vos
bagages, n’oubliez pas veston, cravate et tout le tralala, car ils ont un effet
magique!
C’est donc en se métamorphosant et en
travaillant sur cette œuvre que j’ai appris à connaître ce qui vivait en
Jean-Pierre Perreault. Ayant bien conscience de l’ampleur du travail, je ne
m’imaginais point que cette création était remplie d’autant de détails, de
concentration, de justesse et de présence. Par contre, la solidarité et
l’écoute brûlaient mes pensées. C’est, sans aucune retenue, que je vous
avouerai l’immense respect que j’ai maintenant pour son travail et pour ceux
qui le transmettent.
Par cette découverte d’un Nouveau Monde,
d’un nouveau pays qui est le mien, je vois aujourd’hui Jean-Pierre Perreault
dans l’esprit de mes professeurs. La présence de cet homme a bel et bien marqué
les gens qui me forment pour devenir interprète à mon tour. C’est alors
inspirant de vivre l'Histoire dans mon corps, à travers des sensations,
comme-ci je remontais dans le temps pour devenir à mon tour ce bon cher
Rodolphe et ce bien veillant Joe!
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Laurie-Anne Langis |
L’incarnation du personnage
Qui suis-je? Voilà la question qui tue,
même pour soi-même. Donc maintenant comment faire le portrait de ce personnage
qui réside en moi durant cette pièce?
Pour rester près de mes impressions, je
répondrai en employant des images, des sensations physiques qui me viennent à
l’esprit et qui m’habitent.
Je suis le plus vieux de ma famille,
possédant alors de l’autorité et de la droiture. Je suis tout de même, au fond
de moi, un aventureux qui possède un leadership incroyable, entraînant les gens
derrière moi à me suivre d’un bon pas. Je fais confiance en la vie, ce qui me
permet d’être détendu, mais toutefois réfléchi. Cependant, j’ai tendance à me
complaire dans ce qui est déjà établi.
Je suis de grandeur moyenne, possédant un
centre fort comme un homme, mais des mains délicates comme une femme.
Pour le reste, ça m’importe peu, ce n’est pas ma plus grande
préoccupation. C’est surtout dans ma façon de me vêtir et de bien me présenter
que je prends plaisir.
Rencontre avec Louise Bédard (Extrait de
mon journal de bord)
L’image
qui me parle beaucoup est celle de l’épouvantail. Le rapport aux poignets et
aux mains prend alors tout son sens. Entre autres, je dois trouver un
relâchement dans la forme et garder ma volonté et ma détermination. Je dois humaniser
la qualité du mouvement. Déjà, ma connaissance en son travail et de ses
interprètes a changé (certains d’entre eux n’étaient pas danseurs). Je veux
donc m’imprégner du naturel de l’être et de son désir d’anticipation (c’est une
question de rythme : tomber dans un mouvement, puis dans l’autre).
Je dois jouer dans la qualité d’une forme qui est vivante et qui émane. Les
mains doivent parler, être expressives. Le dos doit être le moteur de nos bras.
L’espace doit avoir une texture, de la consistance. Je ne veux pas plaquer les
mouvements, ils ne doivent pas être figés. Ils doivent plutôt incarner
l’humanité, de ce fait, dégager une énergie, une vibration qui vient de l’âme.
/ Laurie-Anne Langis
Finissante 2012
L’école de danse contemporaine de Montréal
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Josia Laberge |
Mon expérience avec le travail de Jean-Pierre Perreault n'a pas débuté avec
Ginelle et Sophie. J'ai eu la chance de découvrir le matériel de Joe en secondaire III lorsqu'un des
danseurs de la tournée, Jean-François Légaré, nous a montré une partie de cette
pièce que nous devions danser à notre spectacle de fin d'année.
Par contre,
j'ai vraiment pu saisir toute la finesse et la rigueur que cette pièce demande
à un danseur lorsque nous avons travaillé avec Ginelle et Sophie. J'ai
redécouvert comment je pouvais m'approprier mon propre Joe en restant dans le cadre d'une gestuelle très précise et
spécifique. Ce fut une deuxième découverte de Joe qui, pour ma part, boucle très bien la fin de mon
parcours à l’École.
/ Josia Laberge
finissante 2012
L’école de danse contemporaine de
Montréal
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Louis-Elyan Martin et Alexandre Fleurent |
Texte 1
Rodolphe?
Cet
homme, grand, les yeux bleus, un teint scandinave, la trentaine, parti en
voyage, mais ne sait pas d'où il vient.
Parcours
le monde, solitaire, mais bien dans la masse humaine inconnue.
Comme ses
yeux, il aime le bleu de la mer, mais aussi l'asphalte, le son des gens qui piétinent
autour de lui.
Ces gens,
inconnus, leurs visages inconnus. Seul Rodolphe est là avec son visage doux,
des yeux tristes, mélancoliques,
qui questionnent,
mais ne cherchent pas de réponses. Il observe et s'approprie, cherche et
découvre, il est sensible à l'autre, mais pas trop fragile
pour
l'avouer, il se camoufle pour se fondre, pour être l'autre, avec l'autre, mais
toujours seul.
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Louis-Elyan Martin |
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Il écoute,
savoure et fait son chemin.
Texte 2
Carapace
Je suis unique,
mais identique aux autres. Les couches qui me recouvrent, me protègent, me
réchauffent, m'emprisonnent, sont mon fardeau.
Je le
porte avec honneur et force, car je ne suis pas seul. Le corps continue à vivre
là dessous, il respire, il pleure, non pas parce qu'il a mal, mais bien de
joie.
L'important
... il danse, je danse, nous dansons.
Je suis
imposant dans l'espace et nous sommes dans l'espace. Le poids, la gravité comme
si je portais le monde sur mes épaules pour faire des kilomètres
et enfin
le nourrir et assouvir sa soif.
Texte 3
re-naissance
de l'arbre Perreault
Quant à
la renaissance, je vois d'abord de l'eau, celle qui nous a enveloppés foetus,
puis vient le ressac de la mer (j'écrivais mère..) et ensuite l'arbre... L'idée
du cycle
et de l'élévation.
L'inspire
venant nécessairement de l'expire, comme la lumière de l'ombre, et de ce
souffle s'élance ce mouvement perpétuel dont la répétition n'est jamais à
l'identique, mais croît plutôt en spirale, nous faisant autre à chaque pas, à
chaque éveil, comme après la nuit, de cette absence au monde conscient, nous
nous éveillons changés de tout ce que nous avons traversé... Cette idée aussi
qui suit, du temps et de l'instant, de l'imperceptible qui devenant sensible
est déjà passé, mais qui vient éclairer un chemin jusque-là inconnu, alors
qu'invariablement tracé: une sorte de quête de la connaissance du réel, fuyant
à notre regard qui s'accroche aux chimères de nos désirs projetés...emmêlés,
qui nous encombrent et nous plongent dans les abysses, et dont seuls les
reflets nous parviennent pour entretenir l'éblouissement... Et soudain, là,
renait sens... à moins qu'il n'ait sens? Ou que tous ces sens ne soient à
creuser ou à lâcher, pour ne laisser que le commencement de cet autre nouveau à
venir: éternelles suites et poursuite, dont nous sommes porteurs qu'en passant,
et dont nous nous faisons l'écho en acceptant, que la vie fasse en chacun de
nos pas re-naissance... Mais je m'égare... cette errance étant sans doute ma
renaissance... à suivre...
/ Louis-Elyan Martin
Finissant 2012
L’école de danse contemporaine de
Montréal
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Marie-Eve et Alexia |
J'ai
trouvé durant le processus que c'était quand même difficile pour le corps
puisqu'entre autres nous étions sans cesse sur demi-pointe, on sentait les
périostités qui approchaient!
L'habillement donnait beaucoup de poids et les
bottes demandaient plus d'effort...
Malgré tout, j'ai vraiment embarqué et
j'ai été touchée par l'humanité et la poésie de cette pièce.
Surtout la poésie.
J'ai aimé pouvoir me concentrer à nouveau très fort sur la connexion au groupe
pour l'unisson, on oubliait que c'était difficile de sauter avec ces grosses
bottes. Ce qui m'a le plus interpelé, c'était de nourrir d'intentions des
mouvements simples, comme les marches, sans quoi ces marches deviendraient
futiles. Par contre, au niveau technique, on peut dire que ces bottes te
rattachaient au sol!!!
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Marie-Eve Courchesne |
Il est clair que maintenant, cette pièce m’apparait
différemment. De la vivre m'a montré davantage sa poésie et son sens. Après
coup, je regardais des photos de cette pièce et j'étais touchée par la charge
des images en étant consciente de ce que les danseurs pouvaient vivre!
Finissante 2012
L’école de danse contemporaine de
Montréal
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Marie-France Jacques |
Pour moi, travailler le
matériel de Jean-Pierre Perreault fut un énorme plaisir. Je connaissais la
portée historique de son travail, travail qui a mené de nombreuses figures de
la danse contemporaine montréalaise à cheminer en tant qu’interprètes et de qui
j’ai la chance de recevoir l’influence actuellement.
Le matériel de Perreault
est loin de ce que l’on pourrait s’attendre d’une danse qui serait linéaire,
gracieuse et fluide. Il nous propose d’aborder notre corps d’une autre façon,
de l’utiliser comme outil pour le plus grand, outil pour l’ensemble. Il nous
propose de jouer avec d’autres paramètres, en l’occurence les bottes et le manteau.
De plus, il nous demande d’être nous même musique. D’être l’oeuvre à part
entière, en tant qu’individu fort qui se fond dans la masse.
Ce concept fut
très intéressant à explorer pour moi. Comment rester fort dans son être tout en
se fondant dans la masse pour créer ensemble quelque chose de plus grand que
nous. Peu à peu, abordé sous cet angle, le costume cesse de nuire et devient
ami. On se plaît à retrouver nos bretelles et notre cravate. On se plaît à
jeter les jambes à tout vent avec un poids au bout, à entendre le bruit des
bottes qui frappent le sol, comme une grande déclaration d’unité et
d’avancement.
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Alexia, Julie, Annabelle, Laurie-Anne et Marie-France... |
Le travail de Perreault est à mes yeux un bijou d’exploration,
d’affirmation et de poésie et j’ai hâte d’apporter cela sur scène avec l’ensemble
des finissants canadiens !
/ Marie-France Jacques
Finissante 2012
L'école de danse contemporaine de Montréal